Projet dans le cadre du présent contrat quadriennal

La continuité théorique autour de l’inscription thématique : Communication et diversité culturelle

Loin d’être un acquis, la notion de « diversité culturelle » constitue un construit à nécessairement interpeller, évoluant historiquement dans le discours des acteurs en fonction des enjeux que pose l’internationalisation de la communication. La référence à la diversité culturelle peut par exemple offrir un fondement à des discours et pratiques inscrits tout autant dans le cadre de la marchandisation croissante de l’information et de la communication, que de sa contestation ; dans le cadre de construction d’espaces publics, que de leur contradiction, voire destruction ; dans le cadre de stratégies de « politisation du culturel » d’abord soumis au social que de « culturalisation du politique », détournant de la question sociale ; dans le cadre d’organisations œuvrant à la promotion de l’être humain dans la totalité de ses composantes que d’organisations œuvrant à la totalisation de l’homme par l’entretien discursif de la confusion espace public/espace privé, consommateur/citoyen, pour la seule véritable promotion de leurs intérêts propres.

Sur le plan théorique, le décryptage auquel le programme de la chaire ouvre vise à mettre en tension trois de ses principales dimensions, entre résonance anthropologique, ancrage social des TIC et références de l’économie politique critique. L’inscription théorique de la chaire renvoie à quatre des programmes inscrits dans l’actuel quadriennal du Gresec : Les mutations des industries culturelles et médiatiques ; Internationalisation de la communication et diversité culturelle ; Sciences, techniques et innovation ; La construction publique des questions sociétales. De ce point de vue, l’investissement de la chaire consacre pour une part un travail de valorisation de la recherche. Pour autant, par la mise en place d’un prochain séminaire ad hoc réunissant chaque mois doctorants et enseignants-chercheurs, il vise également à produire de l’information scientifique sur ce terrain.

Sur le plan pratique, la Déclaration universelle de l’Unesco sur la diversité culturelle, adoptée par la 31e session de la Conférence Générale de l’Unesco à Paris, le 2 novembre 2001 s’est d’abord présentée comme un instrument normatif reconnaissant la diversité culturelle comme « héritage commun de l’humanité » et considérant sa sauvegarde comme un impératif concret et éthique, inséparable du respect de la digité humaine. En près de dix ans, ce cadre institutionnel international a pu légitimer de nombreuses politiques et pratiques, susceptibles de contribuer à cette sauvegarde, dont il convient aujourd’hui de tirer des enseignements. Par ailleurs, a priori consensuelle, la référence a cependant pu susciter les réserves de certains acteurs, notamment tous ceux qui pouvaient regretter l’abandon de références plus connotées politiques, telles que « l’exception culturelle ». En quoi à l’usage le nouveau cadre offert par l’Unesco a-t-il justifié ces prophéties critiques et contraints les pratiques ? En quoi au contraire a-t-il élargi la visibilité et le développement pratiques consignées autour de la référence à la diversité culturelle ?